LISTERIOSE
Epidémiologie
La listériose est une maladie infectieuse,
très répandue chez les animaux et transmissible à l'homme, due à Listeria
monocytogenes, bacille gram posititf ubiquitaire (très répandu) et présent chez de
nombreux porteurs sains.Le genre comporte 5 espèces dont Listeria monocytogenes est la
principale souche pathogène chez l'homme. Le nombre de cas de listériose diagnostiqués
en France est en nette augmentation depuis 10 ans. C'est l'infection d'origine alimentaire
la plus grave. Cependant, la listériose est une infection relativement rare (2,7 à 14,9
cas par million d'habitants en fonction des régions sur la période 1991 à 1993).
Malgré l'existence de nombreux antibiotiques actifs, la thérapeutique est décevante et
la mortalité reste élevée, de l'ordre de 60 % des formes septicémiques du sujet âgé
et de 30 % des formes neuroméningées. En dehors des cas périnataux, la mortalité
globale varie de 25 à 35 %. cependant la très grande majorité des listérioses passe
inaperçue.C'est une maladie à déclaration obligatoire depuis le 13/03/98.Listeria monocytogenes est un bacille tellurique
présent à tous les niveaux de la chaîne alimentaire.Il prolifère par enrichissement
sélectif , par rupture de la chaîne du froid et dans les conditions habituelles de
conservation réfrigérée (+5°c) , tandis que la plupart des germes sont inhibés.Listeria monocytogenes peut également se
développer en présence de 10 % de NaCl. La cuisson
ou une courte pasteurisation détruit le germe.
Il n'est pas encore possible de dire si
l'augmentation de la fréquence de cette pathologie traduit une extension réelle ou une
meilleure connaissance de la maladie.On peut mettre en cause une surveillance
épidémiologique mieux organisée , l'allongement des chaînes alimentaires , le
développement de la restauration collective , les méthodes modernes de fabrication des
aliments.Par exemple , les camemberts au lait cru contiennent maintenant des lactobacilles
de culture moins actifs que les lactobacilles sauvages dont le développement est très
limité à cause de la chaîne du froid et des traitements administrés au bétail.Le
champ est ainsi laissé libre aux listeria.
En résumé : bacilles très répandus /
se développant à la T° des frigos / peut-être simplement mieux connus et mieux
identifiés .
Clinique
Les manifestations cliniques sont le plus souvent bénignes chez l'adulte en bon
état général, mais L. monocytogenes
provoque préférentiellement des infections chez les sujets dont le système
immunitaire est perturbé ou immature : femme
enceinte, nouveau né, personnes âgées, patients immunodéprimés (thérapeutiques
immunosuppressives, hémopathies malignes, SIDA, diabète, cirrhose, greffes, cancer). |
On distingue deux
grands types de listériose : la forme foeto-maternelle et la forme de l'adulte :
Listériose foeto-maternelle.
la listériose foeto-maternelle regroupe
la listériose de la femme enceinte et du nouveau-né. Lorsque l'infection a lieu au cours
des deux premiers trimestres de la grossesse, elle peut être responsable d'avortement. La
gravité de l'atteinte foetale semble proportionnelle au temps écoulé entre
l'infestation et la naissance. La fréquence de l'infection est maximale au début du 3e
trimestre. L'infection de la femme enceinte est presque toujours bénigne (syndrome
pseudogrippal, douleurs lombaires, infections urinaires) pouvant même parfois passer
inaperçue. Pour les grossesses de plus de 28 semaines, la listériose est responsable de
20 % de morts in utéro, 14 % d'enfants mort-nés, 40 % d'enfants infestés mais viables
et 25 % seulement d'enfants indemnes. Toute symptomatologie mineure de la femme
enceinte et notamment un syndrome pseudogrippal, justifie donc une recherche de
listériose. La contamination du foetus peut s'effectuer par la voie
hématologique transplacentaire, par la voie ascendante transmembranaire (le point de
départ est cervicovaginal) à partir d'un foyer endométrial, à la traversée des voies
génitales contaminées durant l'accouchement.
L'infection transplacentaire de
l'enfant est le plus souvent mortelle,aboutissant après quelques jours à 2 semaines
d'évolution à une fausse couche , ou si l'infection est plus tardive , à l'expulsion
prématurée du foetus.
En cas d'atteinte foetale, il est
classique de distinguer :
- la forme précoce, diagnostiquée dès
l'accouchement souvent chez un enfant prématuré souffrant d'une septicémie précoce
généralisée (granulomatose septique infantile),
- la forme tardive, qui apparait quelques jours après la naissance chez un enfant né à
terme, sous la forme d'une méningite ;
Listériose de l'adulte
Elle prédomine chez le sujet de plus de
50 ans et de sexe masculin.Elle se caractérise exceptionnellement par des septicémies et
dans la plupart des cas par des infections du système nerveux central .
Les manifestations neurologiques
permettent de distinguer schématiquement trois aspects de la listériose :
méningite pure sans signes
neurobiologiques
Méningo-encéphalite (le plus souvent
rencontré)
Thromboencéphalite ( rare ).
Récemment, le rôle clé de la
listériolysine (toxine apparentée à la streptolysine) dans la croissance
intracellulaire de L. monocytogenes a été mis en évidence. Cette toxine,
présente chez les souches hémolytiques in vitro, est un facteur de virulence reconnu et
sa production semble indispensable à l'induction et à l'expression de l'immunité
cellulaire T anti-Listeria.
Diagnostic
Le diagnostic de listériose ne peut
être affirmé avec certitude que par mise en évidence du germe dans les
produits pathologiques. Le diagnostic sérologique ne peut en aucun cas
affirmer à lui seul une listériose. Il y a plusieurs raisons à cela :
L. monocytogenes se comporte comme
un parasite intracellulaire facultatif, au même titre que les Salmonella, Brucella
et les mycobactéries. La résistance acquise à L. monocytogenes est donc
principalement sous la dépendance des mécanismes cellulaires de l'immunité. La
présence d'anticorps semble être extrêmement capricieuse : des sujets indemnes ont pu
présenter des titres élevés d'anticorps et d'autres, ayant contracté l'infection,
avoir des sérologies négatives ;
L. monocytogenes manifeste une
certaine communauté antigénique avec les staphylocoques, les entérocoques et les bacillus
;
la connaissance imparfaite des antigènes
ne permet pas à l'heure actuelle l'utilisation de techniques très spécifiques.
Identification du germe.
On réalise une culture sur
La pousse est obtenue en 24 H et les
colonies sont entourées d'une étroite zone d'hémolyse.
L'identification se fait sur la
morphologie de la bactérie (petits bacilles gram+ isolés ou en chaînette), l'aspect des
colonies , l'étude de la mobilité,l'hydrolyse de l'esculine, l'étude de l'acidification
des sucres.
La plupart des auteurs s'accordent pour
reconnaître les insuffisances de cette approche.Le manque de spécificité des signes
cliniques ne permet pas de mettre en évidence le germe en dehors des périodes fébriles.
Diagnostic sérologique.
Il est d'une certaine
utilité , mais ne peut en aucun cas affirmer à lui seul une listériose.Certes
,l'infection à listeria chez l'adulte , provoque l'apparition d'anticorps , mais Listeria
monocytogenes possède des fractions antigèniques communes à d'autres germes , aussi
communs que le staphylocoque doré ou les streptocoques. Par ailleurs , on note parfois
des titres sérologiques faibles chez des sujets apparemment indemnes de listériose.Enfin
les réactions sérologiques sont presque toujours négatives chez le nouveau-né.
Parmi les différentes méthodes
sérodiagnostiques de la listériose, seule la séro-agglutination
est utilisée en pratique courante. Etant données les réactions croisées, il est
indispensable d'absorber les sérums au préalable avec des extraits de staphylocoques et
d'entérocoques.
Au plan de la structure antigénique, on
distingue 15 antigènes somatiques O et 5 antigènes flagellaires H. Ils définissent 16
sérotypes dont les plus fréquents dans les produits pathologiques sont les types 4b et
1/2. L'organisme infecté répond à ces antigènes par la production d'anticorps anti-O
(somatiques) et d'anticorps anti-H (flagellaires) qui donnent lieu à des types
d'agglutination différents in vitro. Au cours de l'infection, les anticorps O sont les
premiers à apparaître ; ils sont suivis, 10 à 15 jours plus tard, par les anticorps H.
La présence simultanée d'anticorps O et H est significative d'une infection évolutive
en période d'état ; la présence d'anticorps H seuls est le témoin d'une infection
déjà ancienne.
Seuls des taux suffisamment élevés
(supérieurs à 1/320e) ou une montée significative du taux des anticorps à 15 jours
d'intervalle, peuvent être considérés comme significatifs.
Cette sérologie est souvent pratiquée
chez la femme enceinte suspecte de listériose, mais le résultat en est souvent
aléatoire et tardif. Il est donc préférable de tenter d'isoler la bactérie en
pratiquant des hémocultures lors de l'épisode fébrile et de traiter rapidement les
patientes.
Récemment publiée, la
recherche d'anticorps dirigés contre la listériolysine O (LLO) pourrait s'avérer utile
pour la surveillance épidémiologique et le diagnostic de la listériose humaine,
notamment en l'absence de preuve bactériologique. Ces anticorps apparaissent précocement
après les premiers signes cliniques et persistent plusieurs mois. La technique employée
: dot-blot titration après dépôt d'une LLO purifiée sur un filtre de nitrocellulose,
fournirait des résultats plus sensibles et plus spécifiques que la recherche d'anticorps
anti-Listeria par agglutination. Un titre de 100 (inverse de la plus haute dilution
donnant une précipitation visible sur le filtre) permet une discrimination satisfaisante
des micro-organismes habituellement responsables des réactions croisées observées en
sérologie listérienne traditionnelle. Enfin, il est possible que la mise en évidence
d'anticorps dirigés contre un facteur majeur de virulence soit particulièrement bien
corrélée à l'incidence clinique de la maladie.
ADN de Listeria par PCR
Chez l'homme , la PCR listeria a été
exclusivement appliquée au diagnostic des formes neuro-méningées de la listériose.
Avec cette technique , le résultat peut être rendu dans la journée. La biologie
moléculaire permet auusi aux industriels devant déterminer rapidement la contamination
d'un aliment , de disposer de tests rapides de détection.
Les traitements
Il n'existe pas de vaccination.
L'utilisation de vaccins vivants ou
atténués avec des souches non virulentes est décevante.
La sensibilité des Listeria pour les
antibiotiques a peu évolué depuis quelques décennies.L'ampicilline et l'amoxicilline
sont toujours conseillés et leur association avec les aminosides est fortement
bactéricide.
Les aliments à risques.
Fromages à pâte molle au lait cru ,
fromages râpés (enlever la croûte avant consommation)
Poissons fumés , coquillages crus ,
surimi , tarama.
graines germées crues
(soja,luzerne,alfafa)
charcuterie cuite consommée en
l'état(pâté,rillettes,produit en gelée,jambon cuit)préférer les produits
préemballés et les consommer après leur achat.
Les régles d'hygiène à
respecter.
cuire soigneusement les aliments crus
d'origine animale (viande,poisson) en particulier le steack haché doit être cuit à
coeur.
laver soigneusement les légumes crus
et les herbes aromatiques.
conserver les aliments crus
(viande,légumes,etc...) séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés.
se laver les mains et nettoyer les
ustensiles de cuisine qui ont été en contact avec les aliments non cuits.
nettoyer chaque mois , et désinfecter
ensuite avec de l'eau javellisée votre réfrigérateur.
abaisser la T° du réfrigérateur
(partie haute : max 2 à 3 °c, partie basse : max +5°c)
stocker les aliments cités ci-dessus
dans la partie haute du réfrigérateur.
les restes alimentaires et les plats
cuisinés doivent être réchauffés soigneusement avant consommation immédiate.
respecter les dates limites de
consommation.
ne pas rompre la chaîne du froid à
plusieurs reprises pour un même aliment.
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